Un site magnifique au cœur d’une garrigue, un programme d’école primaire et maternelle, une maitrise d’ouvrage volontaire et engagée : tous les ingrédients étaient présents pour alimenter notre enthousiasme.
Comment s’inscrire dans le site avec respect et douceur ? En préservant le maximum d’arbres existants, l’école se déploie et s’infiltre à travers cette forêt. En respectant la topographie, les bâtiments se dressent sur échasses et laissent filer le terrain naturel.
Pour en comprendre ses spécificités, sa topographie, sa flore, son sol pauvre et sa végétation fragile, il a fallu de nombreuses visites sur le lieu, un reportage photo, un inventaire des arbres et arbustes, un drone perdu…
Une fois le projet dessiné, modélisé, approuvé par la maitrise d’ouvrage, une question subsistait. Comment transmettre aux futurs utilisateurs, les enseignants et élèves en l’occurrence, cette compréhension du site et du projet ?

Journée d’animation
Organiser une implantation in-situ du futur bâtiment ! Aussitôt l’idée évoquée, les enseignants s’en emparent. Une date est fixée pour animer une journée avec la cinquantaine d’enfants de l’école. De concepteurs, architectes, ingénieurs, charpentiers et paysagistes, nous devenons géomètres d’un jour, mais surtout animateurs, sensibilisateurs, passeurs…
Le matin de cette fameuse journée, équipés de piquets, de rubalise, de boussoles, nous implantons les différents bâtiments qui composent l’école. L’après-midi, nous accueillons sur site les enfants et leurs enseignants.
Pour les familiariser avec le PLAN, la première activité consistait à joindre des points numérotés, pour y découvrir le dessin de la future école - Activité présentant des similitudes avec notre exercice d’implantation du matin même !
Pour le passage au VOLUME, chaque enfant était invité à découper et coller un patron qui représentait une classe, une salle... Assemblés, les différents volumes, formèrent une maquette de l’école à laquelle on pouvait y ajouter la végétation, glanée sur le site.
Pour appréhender le PASSAGE à l’ECHELLE 1 et faire l’exercice du repérage dans l’espace, nous sommes allés « visiter » les classes, la cantine, la cours de récréation… simplement délimités à la rubalise accrochée aux arbres ou aux piquets.

Adopter un arbre
Quant à la découverte de la végétation, chaque groupe pouvait constituer un herbier en récoltant un échantillon des essences végétales du site telles que le chêne vert, l’arbousier, le pin ou le genévrier. Cependant, ce qui nous intéressait tout autant était de créer un lien affectif au site. Aussi, chaque enfant était invité à adopter l’arbre de son choix et célébrer cet acte en y attachant une ficelle sur laquelle était inscrit son nom. Ce fut alors touchant de voir les enfants prendre cette mission très au sérieux, en arrosant, par exemple, leur arbre nouvellement adopté.

On peut aller plus loin
Bien au-delà de cette journée, ce projet est l’occasion d’imaginer l’école du futur. Un futur possible. L’école bénéficie d’un site exceptionnel en lien direct avec la nature. En tant que concepteur, nous veillons à ce qu’une relation s’instaure entre le bâtiment et les élèves, en faisait usage de matériaux qu’il sera agréable à regarder, à toucher, à comprendre (le bois, la paille, la terre). Nous imaginons également que ce cadre sera l’occasion à de nouvelles formes d’enseignements, déjà impulsées par certains enseignants, tel que l’usage de l’extérieur comme support d’apprentissage ou l’installation dans une clairière pour une leçon, chaque classe disposant d’un accès direct vers l’extérieur. Ce projet questionne et nous peut nous aider à sortir des pensées duales délétères ville-forêt, nature-culture, jeu-travail, cours magistral-récréation…
Pour ne pas faire grandir des enfants « hors sol », la cours de récréation sera laissée brute de tout revêtement artificiel. Le jeu de niveau généré par les pilotis, nous a permis de dessiner des aménagements (bancs, gradin, pan inclinés…), qui seront autant d’éléments supports de jeux et d’apprentissage, nous inscrivant dans l’esprit de l’adage « Ne supprimons pas le risque, la sécurité des enfants en dépend ».

L’école des architectes Tezuka est un lieu qui nous a inspirés par rapport à la liberté donnée aux enfants. Une belle vidéo à voir ici.

Et si l’école du futur c’était maintenant
Faire classe en extérieur, c’est une pratique déjà éprouvée dans de nombreuses écoles Danoise mais aussi en France, bien que plus minoritaire, comme en témoigne ces deux reportages.
Danemark, les forêts sont des salles de classes
Faire classe dehors en maternelle ? « C’est possible et fondamental »

Mais la question de la réouverture des écoles en cette période de crise pourrait bien démocratiser la pratique, comme en témoigne cette tribune signée par de nombreux spécialistes.

Apprendre à l’extérieur peut-être l'école du futur, mais aussi l'école de maintenant: pour des raisons sanitaires certes, mais aussi de bien-être, d’éducation et d’un rapport privilégié à l’environnement.

Les enfants d'Argelliers dans leur classe dehors.

Ecole d'Argelliers

la page dédiée au projet